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Ronny Someck - his poetry

 

 

Poems

 

 

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She From the Floor Below

One floor down from the flat of my youth
lived a whore.
I was almost old enough to know
that red high heels and inches shortening her dress
were combat fatigues.
She had the name she was born with
and the name she invented for those craving her snatch.
Sometimes she’d pull out cash from her bra and ask
me to buy her Marlboro Lights perhaps to ignite
those who’d consumed her day.
And I was stupid enough to think
that if I bring the bill to the police
they’d find and arrest the owner of the prints
that pinched her,
and that after that they’d point to me and say:
this is the one who struck his hoe to clear the weeds from her head,
the one who was always the gardener in the nursery of her dreams,
the one who saved her.

Tr:Karen Alkalay-Gut

 

 

 

 

At the Harley Davidson Engine Plant in Milwaukee

I watch the screwdriver spinning the head
of a tiny screw and know that at this very moment is born
the motorcyclist’s solitude.

 

 

 

 

Hermès

Aussitôt après avoir été embauché au service des coursiers de l’Agence centrale de la Banque de Prêt et d’Epargne, mes nouveaux collègues de travail m'ont entouré et m'ont demandé mon nom. J’étais sûr qu’il n’existait personne au monde qui n'ait lu la Mythologie, et sans le moindre sourire j'ai répondu : Hermès, en ajoutant intérieurement : le Messager des Dieux. Chaque homme, a écrit la poétesse, possède un nom que Dieu lui a donné et que lui ont donné les murs de la banque et le calcul des taux d’intérêt. Mon dieu à moi s’est transformé en sculpture grecque. Quand le directeur a demandé : Hermès, pourquoi n’es-tu pas arrivé à temps chez l’avocat ? La lettre était urgente. J'ai failli répondre que je n'avais pas trouvé dans sa cage d'escalier une place pour le cheval de la guerre de Troie. La fille du comité d’entreprise, qui distribuait du vin à chaque fête, je l'ai appelée Mme Dionysos. Comme les coursiers s’émerveillaient à la vue de mon amie et me demandaient son nom, j'ai dit, au visage étonné de Dina, Aphrodite. Je savourai alors, goutte à goutte, le nectar de la vie. A la cime des feux de circulation de la ville flottaient des couronnes de laurier, des sandales de cuir étaient cousues aux racines des arbres qui défilaient dans les avenues, mes poumons respiraient l'air de l'Olympe, gonflant la roue des vélos de service. Dans les cafés au bord de la mer j'ai bu de l'ouzo, comme on peut l’imaginer, avec Poséidon. Sur mon lit j’ai aiguisé les flèches de Cupidon, et j'ai souhaité les diriger vers le coeur de celle qui a finalement accepté de déboutonner sa chemise. Puis d'un seul coup, devant les mamelons de la vérité, la tempête de la mer a cessé. La porte des Amazones a été balayée par les rochers, et mes doigts ont fait ruisseler les sources intarissables de l'inimaginable.

Tr: Michel Eckhard Elial

 

 

 

Poème sur le siège-arrière d’une mobylette (modèle 1967)

Elle ne s’en souviendra probablement pas
mais les mains qui tenaient sa taille
n’ont pas été crées seulement pour que je ne glisse pas
du siège arrière d’une mobylette brinquebalante.
Les ouvriers du coeur ont alors ouvert grand ses chambres
et le chemin de terre sur lequel nous roulions
ne nous a épargné aucun cahot de pierre
ni l’embrassade d’un nuage de poussière.
Je n'ai pas eu à me souvenir d'Andrès Segovia disant
que la moitié du temps les guitaristes accordent la guitare
et que le reste du temps, c’est involontaire.
j’étais une guitare comme celle-là.
Je ne soufflais alors mot,
dans le Régime des songes j'étais Ministre du silence.

Je ne savais pas alors qu’un an plus tard son père serait nommé chef-d’état-major,
et que je deviendrai à jamais dans cette histoire
un simple soldat de cette armée.

Tr: Michel Eckhard Elial

 

 

 

DJ Blues at the Shelter for Abused Women

I want to be a DJ
at the shelter for abused women,
sing songs to net swordfish
from the eye's bottom, drown sharks of pain
and fill the heart’s aquarium
with goldfish.
But the ears of abused women are
pits full of curses,
they are frightened of every scratch on word's lips,
of a knife sharp as a tongue,
of the throat’s vacuum lined with silk-alike.
“Women, women,” I whisper to myself,
“I’m scribbled like a page torn out of your biography
and you are lines in the blues I’ll compose
in the alphabet of periods when you are nothing more
than flesh chucked out from hell's butcher shops.”

Tr: Shirly Someck

 

 

 

La chaîne alimentaire de la poésie

Un proche parent de ma femme,
nouvel immigrant de Roumanie, ouvrit à Tel-Aviv
dans les années cinquante du siècle précédent
une fabrique de tétines.
Prenant de l’âge et diminué, son fils a ajouté une nouvelle activité:
la fabrication de préservatifs.
Apparente contradiction : trop de préservatifs réduiront le nombre
de bébés et de tétines.
En fait, une proposition pour décrire la chaîne alimentaire de la poésie:
d’abord on enveloppe
le mot
dans l’élastique furtif qui protège
et donne du plaisir.
Ensuite quand on le jette,
on a une pensée pour sa première destination
comme dans la bouche du bébé qui absorbe,
les pleurs
et les cris
et les voix, que personne en dehors de toi
n’entend.

Tr: Michel Eckhard Elial

 

 

 

Le temps des chevaux de guerre

C’est le temps des chevaux de guerre
qui galopent
et ruent
dans sa chair.
Arrachés au milieu de la nuit
aux écuries de son corps
pour piétiner avec les sabots durs,
et toutes les guerres célébrées maintenant à leurs flanc
toutes les cicatrices
et les taches de sang il se fige dans l’effroi
les chevaux de guerre maintenant
c'est le temps de la guerre.

Tr: Michel Eckhard Elial

 

 

 

De la fenêtre de l’hôtel écossais

Je supprime le mot « mer »
Du nom de la mer de Galilée
Qui n’est pas agitée par les vents de mars

Une vraie mer dresserait
Contre la houle les muscles des vagues
Et fracasserait leur tête sur
Les rochers de la jetée.

Quelle chance que pour susciter une tempête
Il suffit d’un simple regard sur la nuque
De celle qui persiste à être ma femme
Dans cette chambre d’hotel.

Tr: Michel Eckhard Elial

 

 

 

Autumn. A French Film

Autumn is typically French,
witnessed on the face of a man
entering the local butchershop

saying he has no title
for his new novel.

"Are there trumpets?" asks the butcher.
"No."
"Are there drums?"
"No."
"So call it, 'No trumpets. No drums."

Then a yellow leaf landed, Jacques Prever-style,
on the gold collar of a dozing cat,
and the very first drop of rain sat
on its tail, signalling the end of dog-days,
the days of barking.

Tr: Henry Israeli

 

 

 

Ce que je n'ai pas dit à ma rencontre avec des condamnés à perpétuité

Quelle chance
qu'en poésie
il n'y ait pas
de prison perpétuelle
après avoir coupé
la tête inutile
d'un mot
fils
de pute

 

 

 

Lettre à Vladimir Vyssotski

Tu ne le savais probablement pas, mais Ilana de la rue Arlozorov à Tel Aviv.
voulait être ta troisième femme.
Sur les couches neige que faisaient fondre tes chansons
flottait un bateau de lave
et ses mains blanchies comme une voile défaisaient la nuit les coutures
d’une robe de mariée.
Je regrette des mots exagérés comme « bateau de lave »
mais c’était les seuls que je pouvais connaître de mes amoureuses
qui remplissaient le hâvre de ton corps après que tu aies écrit que brûler ses vaisseaux
n’est plus à la mode.
Ailleurs, près de la salle de bal de l’éternité,
elle t’attendra et te dira qu’elle n’a jamais oublié
les battements de cœur
sous le décolleté
le reste de Smirnoff
qui a caché
la gêne dans le placard.

33 tours par minute c’était le temps pour l’aiguille
de tourner sur tes microsillons,
et sous la lumière basse du plafonnier
de poignarder.

 

 

 

Another winter

On the nearby river boats painted pink sail on another
errand, the man renting boats goes through another winter
with rolled-up sleeves and he can always ask, “What about
your Dutch, has she come back?”

Tr: Barbara Goldberg and Moshe Dor

 

 

The poem is inspired by the film 'Tmunat Hanitzahon' (2021) ('Image of Victory').
For more information about this film, see:
https://www.imdb.com/title/tt14556392/

 

18 Lines in Honor of the Raised Hands of the Milker From Nitzanim

It’s no trick to hear only the call of the crow
on top of the lion’s head in Tel Hai,
or to picture the robin pecking
the parachute cords of Hana Senesh.
The trick is also to salute the raised hands
of the Milker from the battle of Nitzanim,
the hands that knew how to squeeze the cows’ teats
for the cups of coffee in the dining hall
from whose windows were squeezed
the trigger of a rifle more than once.

In the end he surrendered,
because after the clip was emptied of ammunition
it was preferable there, in the dust of the desert,
to fling up his hands
To the clouds of his God.

Heroism is sometimes to want not
to become another row in the 1948 guide
that indexes dead birds.

Tr: Karen Alkalay-Gut

 

 

Homage to Hitchcock

The scarecrow is the mark of Cain
On the earth's brow.
The birds sense this
and keep wandering

Tr: Moshe Dor and Barbara Goldberg

         
   
         
   

 

 

 

The lady sings the blues

You can plant a tree in the garden of needles
That she stuck in her arms
And a negro can awing there,
Hanging above the animal of the land, the beast
And the snake of the earth
Above the big crocodiles and the soul of the creeping creature
Wherever the water swarmed
When the height of the waves was her height
And the waves waves.

They sprayed beach sand at her eyes
And a tender foam left a white trail
On the threshold of her lips.

Tr: Michel Opatowski

 

 

 

News from the underworld

The bra saleslady’s pink tape measure
in one Victoria’s secret’s New-York branches,
sees more nipples a day
than Casanova, say, had seen
in all of his life.
If it had soul it will never have stopped
bolting upright.

Tr: Amit Mish’an

 

 

 

A moonstruck Sonata

A blond moon
peeks
from the slit
of the shutter
sees
how
my fingers
blinden
on
braille
engraving
in her
dark
body.

Tr: Liora Someck