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Ronny Someck - his poetry
Poems
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Le poète s'adresse à son premier poème
À l'âge de 16 ans, la poésie m'a enlevé
d'un orphelinat pour coupe-langue.
Assieds-toi sur les épaules du langage, dit-elle,
et frappe avec tes petits pieds dans son ventre.
D'une main, ferme ses yeux
pour qu’elle ne voie pas, comment l'autre main
déshabille son corps
de ses vêtements de fête.
C'est peut-être pour cela que je t'ai écrit mon premier poème
dans la pièce où j'imaginais une femme à moitié habillée
allumer une cigarette dans un poêle brûlant.
Je pourrais la décrire sans avoir
à témoigner pour chaque mot.
Si elle avait eu son mot à dire
elle aurait éteint le feu, ne laissant
aucune fumée ni image
friser ses cheveux.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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La petite sirène
pour Noa Shakargy
J'aurais pu commencer ma vie,
épaule sous le cou en bronze,
de la Petite Sirène, à Copenhague.
Là devant les vagues qui picorent de jalousie
le béton de la jetée, il y aurait eu des oiseaux qui replient
leurs ailes sur moi en oubliant un instant l'envie
de voler.
Mais je suis né à Bagdad
et mon épaule se courbe
comme le Tigre, ou l’Euphrate,
où j’aurais pu lancer ma ligne,
et rester pour l’éternité amoureux
des poissons d’or.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Le Petit Prince
pour Giddon Ticotsky
Si l’avion d’Antoine de Saint-Exupéry
ne s’était pas écrasé
peut-être que le Petit Prince aurait eu un frère.
qui aurait ôté tout plaisir pour la rose,
il aurait empoisonné les puits
et appris au renard que c’est juste là qu’il faut boire.
Viens, aurait-il dit à son frère aîné, en l’invitant
à allumer une cigarette avec la lave du volcan,
et à prendre la place de l’allumeur de réverbères,
qui ne revient jamais à la maison,
dans le lit de sa femme.
Nous achèterons du Beaujolais Nouveau pour que l’ivrogne
de l’autre planète ne cesse de s’enivrer
que d’un méchant Cognac.
Cesse de rêver comme toutes les filles de 16 ans
rêvent que tu sois leur unique roi ».
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Le chat botté
pour Yigal Schwartz
Dommage que ce soit un chat
et non pas une chatte.
Si des talons-aiguilles auraient pu
remplacer les bottes,
la fourrure eût été plus sensuelle.
Comment dès lors ne pas greffer sur ce poème
au moins un vers de plus sur
le désir.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Sherlock Holmes
pour Noah Manheim
Combien d’allumettes
les détectives de Scotland Yard
doivent-ils allumer
pour chercher
sur le trottoir
le vers effacé
du poème
que Sherlock Holmes
n’a jamais écrit ?
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Blues of the nude model that emerged unexpectedly from memories of art school
She didn't recognize me.
It's been years since the night I aimed
a gun at her poking holes
in the clouds I've hidden
under the pillow.
The bus was in no rush to arrive and she lit
another cigarette, perhaps because she wanted to cover in smoke
a painting by Toulouse-Lautrec that was copied by an ill-conceived hand
on the sign of the Moulin Rouge bra shop
an entire cavalry rode her since,
and nothing has made me forget an inch of her flesh.
The first time I approached her
she said that a painter's squad is worse than a firing squad,
and that she had to bath so she can remove all the paintbrushes
that they stuck in her.
"Ah", I told her, "you aren't the type of girl that you ask
'what's your star sign' when hitting on you" "It's a good sign", she said, "that you figured it out so fast"
That evening, in the twilight zone, at the end of three steps
between the school's gate and a wobbling floor tile before
the crosswalk I knew there's no chance
to finger paint with her.
And now what to say behind her back?
Maybe that her cheekbones got very pointy?
That rust settled on the arrows that once flew from her lashes?
Or say
that even today on the mines hiding in her body
are drawn with charcoal pencils
the shrapnel of the next explosion.
Tr: Hagar Raanan |
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Honorer sa mère
L'onglet de guitare offert par ma mère
peu de jours avant sa mort je l’ai épinglé
au revers de la veste achetée dans un magasin de Montpellier,
dont les vêtements semblaient tous inspirés de Don Corleone.
Il s’est trouvé quelqu’un pour dire:
comment se fait-il qu’une femme irakienne qui a grandi
sous les cordes du ‘oud de Farid al-Atrash
puisse comprendre la Gibson d'Elvis Presley?
L’idée m’a traversé la tête, aussi tendue
qu’une gâchette, que si
dans ce magasin, où les gangsters
achetaient des révolvers,
j'en achèterais bien un
pour lui tirer dessus.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Le poème sur la tankiste Dorian
Les mots sont des mines que je dégoupille
en lignes enroulées comme les chenilles d’un tank
sur le sable de la page
pour rappeler à la soldate Dorian
comment autrefois dans les combats de la bouche
l’armée des dents de lait
mâchait des soldats en chocolat,
et pulvérisait l’eau de son pistolet-jouet,
et comment les soldats de plomb descendaient-ils danser au palais
que beaucoup de poupées Barbie bâtissaient
en imagination.
Maintenant la sangle du casque est serrée
sous son menton,
les cils dressés comme les canons d'un tireur d'élite
et au bruit de tir
un oiseau de feu s'envole de sa tête.
Les tanks, elle le sait, ce ne rien de plus
qu’un complexe de supériorité d'une tortue qui a grandi
dans une boîte à chaussures placée dans un coin
des chambres de son enfance.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Letter to Yona Wallach
I recall the night you suggested
I write the anthem for the bordello orchestra
in “Fanny Hill.”
“Women,” I began, “polish your lips.”
“Men,” you added, “prepare your hips.”
“Now,” I continued, “a passionate phrase
or some fiery words.”
And you said, “never mind,
let’s sing first
about what’s mine.”
Tr: Liora Someck and Christopher Merrill |
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Fingers
From his imagination, Michaelangelo
drew the finger of God
And I draw from memory the moment
I first touched the fingers
of my daughter.
Not the ceiling of a chapel,
not with a wood-handled brush
tin connecting
the cut fox hair.
Not Rome
and not the gilded Jesus hanging
on the Pope’s bedroom door,
but just a maternity room in Bellinson hospital
in Petach Tikva.
The month was December, the year 1991
and that evening on the way from the exit door
to the 51 bus station the last rays of sun
were planted like daisies
in the flower pots of the world.
Tr: Karen Alkalay-Gut |
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What poetry wants
Most of all she wants to be
Lady Godiva's mare.
Only naked ones from word clothes
gallop on her
Tr: Eva Dabara |
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In Praise of the Encyclopaedia Hebraica
Never leave the brown volumes
of the Encyclopaedia Hebraica on the sidewalks
They are not a buggy with a squeaking right wheel,
a bed with a broken spring
or the dizzy head of a forlorn fan.
Consider the child Ronny asking the librarian
when the new volume will arrive, to wallow in it like an infant
to believe that the pages are a sheet stretched on a bed
on which was dreamt the volume D for "dream"
so that the head like the blades of a fan keeps moving
Among the pyramids built in Egyptian stories
and those I will continue to build in "I"
of the "imagination"
Tr: Karen Alkalay-Gut |
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Poème d’une petite fille kidnappée
Ici je me souviens
avec quelle facilité
j’ai remis le bras
arraché par erreur
à l’épaule d’une poupée.
Alors pourquoi maintenant
qu’il ne reste de moi qu’un seul bras
Il n’y a personne pour me rendre
au corps que j’ai laissé là-bas
sur une terre kidnappée ?
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Pourquoi j’aime le cinéma français
pour Michel Eckhard Elial
Les Gitans de tirer sur leurs Gauloises
dont les bouffées semblaient remonter
d’une fabrique de manteaux aux cols cheminée.
Et Jean-Paul de griller encore une cigarette
devant le bikini mythique
de Brigitte.
Avec mes 19 ans et l’acné sur mon visage
je savais que la photo d’Alain Delon
au-dessus du lit de ma petite amie
ne me laissait aucune chance.
Je n’avais pas d’autre choix que de succomber au charme de Catherine Deneuve
en ouvrant le parapluie de l’amour
comme celui qu’on ouvre
sous les bourrasques de pluie.
Heureusement qu’il y avait encore des nuits pour imaginer
que quelque part en France on vivait
au rythme des machines à coudre qui confectionnaient
les robes de soirée de Pierre Cardin.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Dans le dépôt de distribution de vêtements aux rescapés. Hall des expositions, Tel Aviv
En triant des soutiens-gorge j’apprends la différence
entre l’un brodé en dentelle
et l’autre en coton melotonné avec armatures.
La guerre est un temps d’abjection,
et je ne suis pas Charles Bukowski, pour imaginer
à qui on avait pu l’ôter
et qui pourrait s’en revêtir.
Je ne fais que les entasser dans un carton réutilisé
de barres de chocolat
avant de remplir d’autres cartons.
Tr: Michel Eckhard Elial
In the Clothing Donation Depot for Survivors. Expo, Tel Aviv
I sort bras and learn the difference
between the lacy padded one
and one that is soft-lined underwired cotton.
War is a time of shame
and I'm not Charles Bukowski, who surely would have
tried to identify from whom it was taken off and on whom
it will be dressed.
I'm just stuffing a pile into a used carton
of chocolate bars
and pass on to the next pile.
Tr:Karen Alkalay-Gut |
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Je suis la tête décapitée que vous ne reconnaissez pas
Mes cheveux sont plus blonds que le sable
sur lequel ils roulent.
Mes lèvres pleines de mots
aussi tranchants que le couteau
qui a tranché ma gorge.
Si mes yeux vous hypnotisent, mettez un jeton
dans la roue de la fortune
qui tourne sous les sourcils.
Ne demandez pas mon nom, imaginez mes mains
rattachées à un corps qui était si beau
sous mon cou.
Jeté maintenant sur la honte de la terre
comme une simple peau de banane.
Le soleil brillait, écrit
le poète,
Tout ce que je suis c’est un modèle d’obscurité.
Pas plus.
Tr: Michel Eckhard Elial
I am the severed head you do not know
My hair is more blond than the sand it rolls over
On my lips crowd words
Sharp as the knife
that met my throat.
You who are mesmerized by my eyes,
put a chip on the wheel of fortune
that spins under the eyebrows.
Don’t ask my name and imagine my hands
hugging the body that was so beautiful
beneath my neck
and now cast upon the disgrace of the earth
as if it was no more than a banana peel.
The sun shone, the poet wrote,
And I am barely a model of darkness.
No more.
Tr:Karen Alkalay-Gut |
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On The Unbearable Lightness Of Changing A Light Bulb
How many twists does it take to change a light bulb?
It lives in my hands as if it were
a pear from a painting by Paul Cezanne.
I peer at it and at my wife's face
and in another moment, I will bite into what
will erupt from within.
At this point I am an anthropologist in the Lands of Light.
My eyes are sure they were born from the womb of a conflagration
and no smoke obscures the desire of my mouth
as I whisper the word "Fire".
Tr:Karen Alkalay-Gut
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Shofars
The sound of the shofar from the Ashkenazi synagogue
mingles with its brother from the Yemenite synagogue
which is already suffused with the shofar’s blow
from the Iraqi synagogue that was built above it.
Show me another restaurant in the world
whose menu includes in one mouthful
zhug,
amba
and ptcha.
(Zhug is a Yemenite spicy sauce, amba is a pickled mango sauce from Iraq, and ptcha is an aspic popular in Eastern European cooking)
Tr:Karen Alkalay-Gut
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She From the Floor Below
One floor down from the flat of my youth
lived a whore.
I was almost old enough to know
that red high heels and inches shortening her dress
were combat fatigues.
She had the name she was born with
and the name she invented for those craving her snatch.
Sometimes she’d pull out cash from her bra and ask
me to buy her Marlboro Lights perhaps to ignite
those who’d consumed her day.
And I was stupid enough to think
that if I bring the bill to the police
they’d find and arrest the owner of the prints
that pinched her,
and that after that they’d point to me and say:
this is the one who struck his hoe to clear the weeds from her head,
the one who was always the gardener in the nursery of her dreams,
the one who saved her.
Tr:Karen Alkalay-Gut
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At the Harley Davidson Engine Plant in Milwaukee
I watch the screwdriver spinning the head
of a tiny screw and know that at this very moment is born
the motorcyclist’s solitude.
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Hermès
Aussitôt après avoir été embauché au service des coursiers de l’Agence centrale de la Banque de Prêt et d’Epargne, mes nouveaux collègues de travail m'ont entouré et m'ont demandé mon nom. J’étais sûr qu’il n’existait personne au monde qui n'ait lu la Mythologie, et sans le moindre sourire j'ai répondu : Hermès, en ajoutant intérieurement : le Messager des Dieux. Chaque homme, a écrit la poétesse, possède un nom que Dieu lui a donné et que lui ont donné les murs de la banque et le calcul des taux d’intérêt. Mon dieu à moi s’est transformé en sculpture grecque. Quand le directeur a demandé : Hermès, pourquoi n’es-tu pas arrivé à temps chez l’avocat ? La lettre était urgente. J'ai failli répondre que je n'avais pas trouvé dans sa cage d'escalier une place pour le cheval de la guerre de Troie. La fille du comité d’entreprise, qui distribuait du vin à chaque fête, je l'ai appelée Mme Dionysos. Comme les coursiers s’émerveillaient à la vue de mon amie et me demandaient son nom, j'ai dit, au visage étonné de Dina, Aphrodite. Je savourai alors, goutte à goutte, le nectar de la vie. A la cime des feux de circulation de la ville flottaient des couronnes de laurier, des sandales de cuir étaient cousues aux racines des arbres qui défilaient dans les avenues, mes poumons respiraient l'air de l'Olympe, gonflant la roue des vélos de service. Dans les cafés au bord de la mer j'ai bu de l'ouzo, comme on peut l’imaginer, avec Poséidon. Sur mon lit j’ai aiguisé les flèches de Cupidon, et j'ai souhaité les diriger vers le coeur de celle qui a finalement accepté de déboutonner sa chemise. Puis d'un seul coup, devant les mamelons de la vérité, la tempête de la mer a cessé. La porte des Amazones a été balayée par les rochers, et mes doigts ont fait ruisseler les sources intarissables de l'inimaginable.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Poème sur le siège-arrière d’une mobylette (modèle 1967)
Elle ne s’en souviendra probablement pas
mais les mains qui tenaient sa taille
n’ont pas été crées seulement pour que je ne glisse pas
du siège arrière d’une mobylette brinquebalante.
Les ouvriers du coeur ont alors ouvert grand ses chambres
et le chemin de terre sur lequel nous roulions
ne nous a épargné aucun cahot de pierre
ni l’embrassade d’un nuage de poussière.
Je n'ai pas eu à me souvenir d'Andrès Segovia disant
que la moitié du temps les guitaristes accordent la guitare
et que le reste du temps, c’est involontaire.
j’étais une guitare comme celle-là.
Je ne soufflais alors mot,
dans le Régime des songes j'étais Ministre du silence.
Je ne savais pas alors qu’un an plus tard son père serait nommé chef-d’état-major,
et que je deviendrai à jamais dans cette histoire
un simple soldat de cette armée.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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DJ Blues at the Shelter for Abused Women
I want to be a DJ
at the shelter for abused women,
sing songs to net swordfish
from the eye's bottom, drown sharks of pain
and fill the heart’s aquarium
with goldfish.
But the ears of abused women are
pits full of curses,
they are frightened of every scratch on word's lips,
of a knife sharp as a tongue,
of the throat’s vacuum lined with silk-alike.
“Women, women,” I whisper to myself,
“I’m scribbled like a page torn out of your biography
and you are lines in the blues I’ll compose
in the alphabet of periods when you are nothing more
than flesh chucked out from hell's butcher shops.”
Tr: Shirly Someck |
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La chaîne alimentaire de la poésie
Un proche parent de ma femme,
nouvel immigrant de Roumanie, ouvrit à Tel-Aviv
dans les années cinquante du siècle précédent
une fabrique de tétines.
Prenant de l’âge et diminué, son fils a ajouté une nouvelle activité:
la fabrication de préservatifs.
Apparente contradiction : trop de préservatifs réduiront le nombre
de bébés et de tétines.
En fait, une proposition pour décrire la chaîne alimentaire de la poésie:
d’abord on enveloppe
le mot
dans l’élastique furtif qui protège
et donne du plaisir.
Ensuite quand on le jette,
on a une pensée pour sa première destination
comme dans la bouche du bébé qui absorbe,
les pleurs
et les cris
et les voix, que personne en dehors de toi
n’entend.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Le temps des chevaux de guerre
C’est le temps des chevaux de guerre
qui galopent
et ruent
dans sa chair.
Arrachés au milieu de la nuit
aux écuries de son corps
pour piétiner avec les sabots durs,
et toutes les guerres célébrées maintenant à leurs flanc
toutes les cicatrices
et les taches de sang il se fige dans l’effroi
les chevaux de guerre maintenant
c'est le temps de la guerre.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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De la fenêtre de l’hôtel écossais
Je supprime le mot « mer »
Du nom de la mer de Galilée
Qui n’est pas agitée par les vents de mars
Une vraie mer dresserait
Contre la houle les muscles des vagues
Et fracasserait leur tête sur
Les rochers de la jetée.
Quelle chance que pour susciter une tempête
Il suffit d’un simple regard sur la nuque
De celle qui persiste à être ma femme
Dans cette chambre d’hotel.
Tr: Michel Eckhard Elial |
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Autumn. A French Film
Autumn is typically French,
witnessed on the face of a man
entering the local butchershop
saying he has no title
for his new novel.
"Are there trumpets?" asks the butcher. "No." "Are there drums?" "No."
"So call it, 'No trumpets. No drums."
Then a yellow leaf landed, Jacques Prever-style,
on the gold collar of a dozing cat,
and the very first drop of rain sat
on its tail, signalling the end of dog-days,
the days of barking.
Tr: Henry Israeli |
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Ce que je n'ai pas dit à ma rencontre avec des condamnés à perpétuité
Quelle chance
qu'en poésie
il n'y ait pas
de prison perpétuelle
après avoir coupé
la tête inutile
d'un mot
fils
de pute |
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Lettre à Vladimir Vyssotski
Tu ne le savais probablement pas, mais Ilana de la rue Arlozorov à Tel Aviv.
voulait être ta troisième femme.
Sur les couches neige que faisaient fondre tes chansons
flottait un bateau de lave
et ses mains blanchies comme une voile défaisaient la nuit les coutures
d’une robe de mariée.
Je regrette des mots exagérés comme « bateau de lave »
mais c’était les seuls que je pouvais connaître de mes amoureuses
qui remplissaient le hâvre de ton corps après que tu aies écrit que brûler ses vaisseaux
n’est plus à la mode.
Ailleurs, près de la salle de bal de l’éternité,
elle t’attendra et te dira qu’elle n’a jamais oublié
les battements de cœur
sous le décolleté
le reste de Smirnoff
qui a caché
la gêne dans le placard.
33 tours par minute c’était le temps pour l’aiguille
de tourner sur tes microsillons,
et sous la lumière basse du plafonnier
de poignarder. |
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Another winter
On the nearby river boats painted pink sail on another
errand, the man renting boats goes through another winter
with rolled-up sleeves and he can always ask, “What about
your Dutch, has she come back?”
Tr: Barbara Goldberg and Moshe Dor |
The poem is inspired by the film 'Tmunat Hanitzahon' (2021) ('Image of Victory').
For more information about this film, see:
https://www.imdb.com/title/tt14556392/ |
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18 Lines in Honor of the Raised Hands of the Milker From Nitzanim
It’s no trick to hear only the call of the crow
on top of the lion’s head in Tel Hai,
or to picture the robin pecking
the parachute cords of Hana Senesh.
The trick is also to salute the raised hands
of the Milker from the battle of Nitzanim,
the hands that knew how to squeeze the cows’ teats
for the cups of coffee in the dining hall
from whose windows were squeezed
the trigger of a rifle more than once.
In the end he surrendered,
because after the clip was emptied of ammunition
it was preferable there, in the dust of the desert,
to fling up his hands
To the clouds of his God.
Heroism is sometimes to want not
to become another row in the 1948 guide
that indexes dead birds.
Tr: Karen Alkalay-Gut |
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The lady sings the blues
You can plant a tree in the garden of needles
That she stuck in her arms
And a negro can awing there,
Hanging above the animal of the land, the beast
And the snake of the earth
Above the big crocodiles and the soul of the creeping creature
Wherever the water swarmed
When the height of the waves was her height
And the waves waves.
They sprayed beach sand at her eyes
And a tender foam left a white trail
On the threshold of her lips.
Tr: Michel Opatowski |
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News from the underworld
The bra saleslady’s pink tape measure
in one Victoria’s secret’s New-York branches,
sees more nipples a day
than Casanova, say, had seen
in all of his life.
If it had soul it will never have stopped
bolting upright.
Tr: Amit Mish’an |
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A moonstruck Sonata
A blond moon
peeks
from the slit
of the shutter
sees
how
my fingers
blinden
on
braille
engraving
in her
dark
body.
Tr: Liora Someck |
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